Débat à Brugelette sur le don d’une partie des primes du collège communal : une occasion de montrer l’exemple ou demande au parfum de populisme ?
Échanges vifs et agacement autour d'une question manifestement sensible.
"L'argent, ah ! Maudite engeance, fléau des humains" écrivait Sophocle dans Antigone. Sujet sensible, s'il en est, les rémunérations des membres du collège communal ont suscité un débat - de principe ? - ce jeudi soir au conseil communal de Brugelette. En décembre dernier, Fabrice De Visch (MR-Brugelette en mieux) suggérait qu'en ces temps difficiles pour les finances communales, le collège reverse une partie des primes qu'il reçoit. Le débat est revenu sur la table.
"Le montant des primes de fin d'année, pécules et autres gratifications est fixé par code de la décentralisation en fonction du nombre d'habitants de la commune. En fonction de sa situation professionnelle, le travailleur percevra tout ou partie de son pécule de vacances" a rappelé la bourgmestre avant de poursuivre "le conseil communal n'est pas compétent pour imposer une affectation des rémunérations des membres du collège communal".
Isabelle Liégeois (Brugelette Ensemble) explique avoir sondé différents bourgmestres pour qui "il s'agit de populisme, il faut entendre par là, un opportunisme politique saisi par l'opposition".
En conséquence, "il revient à chacun de décider, en toute liberté, si il ou elle rétribue un montant au profit des habitants et aux organismes divers présents sur le territoire et sous quelle forme il ou elle le fait. Ceci est la position unanime des membres du collège communal. Il faut rappeler que les rémunérations des membres du collège doivent permettre à ceux-ci d'exercer leur mandat de manière sereine et en y consacrant le temps nécessaire. Cette charge à des implications sur notre activité professionnelle qui en a été réduite" poursuit-elle.
Renvoi d'ascenseur
Fabrice De Visch, qui a manifestement savamment préparé son coup, a pris le temps de lire un extrait du procès verbal de la séance du conseil du 24 septembre 2020. "Je demande que soit acté dans le procès verbal, le fait que je suis pour le paiement de la programmation sociale pour le personnel communal mais je suis contre le paiement aux mandataires. En effet, le collège a très souvent répété qu'il faudra faire des choix cette année pour garder les finances communales à l'équilibre et je constate que lorsque l'occasion lui est donnée de faire un geste, le collège refuse. Pour moi c'est l'expression faites ce que je dis et ne faites pas ce que je fais"
Cette demande avait été formulée par Isabelle Liégeois, alors conseillère de l'opposition. "A ce moment là, je ne savais pas que ce n'était pas légal" s'explique-t-elle.
"Une donation est une initiative personnelle et donc on constate qu'à l'heure actuelle aucun membre du collège ne souhaite faire cette initiative" réplique Fabrice De Visch. "Vous déduisez ce que vous voulez, ce que je dis c'est que la liberté est laissée à chacun de faire ce qu'il veut avec son argent" enchaine la bourgmestre.
D'une seule voix, les 3 partis d'opposition déplorent la position prise par le collège et l'utilisation du terme populisme. "Je pense que ce qui était espéré, c'est quelque chose dans le symbolisme et l'engagement plutôt que de botter en touche" regrette amèrement Kévin Thys (Renouveau Citoyen). "Il faut être tout à fait clair, si on était venu avec un montant, il y a quelqu'un qui serait venu dire c'est pas assez" conclut Isabelle Liégeois, visiblement un peu agacée par la tournure du débat.
Occasion manquée de montrer l'exemple ou demande empreinte de démagogie, chacun jugera.
N.J.