«Mon papa a placé une bombe chez le bourgmestre collabo de Renaix» : Guy Derasse, ancien instituteur et directeur d’écoles communales et ardent défenseur du devoir de mémoire

«Mon papa a placé une bombe chez le bourgmestre collabo de Renaix» : Guy Derasse, ancien instituteur et directeur d’écoles communales et ardent défenseur du devoir de mémoire

Guy Derasse est né à Anseroeul en pleine seconde guerre mondiale, le 27 mai 1942. Et ce conflit s'est brutalement invité dans sa vie de petit enfant chez ses grands-parents maternels à Taintignies : son papa, résistant est arrêté et ne reviendra jamais de captivité. Un épisode qui a sans doute forgé son besoin de s'impliquer dans le devoir de mémoire.

Des parents dans la résistance

"Mon papa a essentiellement saboté des voies de chemin de fer mais il a aussi placé une bombe chez le bourgmestre collabo de Renaix. La bombe a explosé en son absence mais l'homme a été abattu quelques jours plus tard. Mon père a été dénoncé par un notable du village, arrêté, déporté et n'est jamais revenu. Maman a elle fait de la résistance civile et a caché des français. Plus tard elle est devenue vice-présidente de l'association pour Gabrielle Petit, une résistance tournaisienne fusillée en 1916. J'en deviendrai ensuite le secrétaire régional."

Une belle carrière professionnelle

Guy Derasse a suivi à Mons la formation d'instituteur. Diplômé en 1964, il trouve un poste à La Louvière mais est ensuite appelé sous les drapeaux. Après un mois à la base de Chièvres, il est envoyé en Allemagne en qualité d'instituteur où "on ne pouvait pas donner moins de points à un enfant de commandant qu'à un enfant d'adjudant". Les postes se succèdent ensuite dans différentes écoles communales "et puis je suis appelé au cabinet du tournaisien André Bertouille, à l'époque ministre de l'éducation nationale où j'ai travaillé sur le capital période. C'est lui qui m'a poussé à passer les examens de directeur même si ce n'était pas ma tasse de thé. C'est une fonction où il faut s'occuper de tout y compris des robinets qui coulent". Guy Derasse sera directeur de l'école du Château jusqu'à sa retraite.

Le devoir de mémoire

Enseignant puis directeur, Guy Derasse a toujours eu à coeur de parler des conflits mondiaux aux enfants "suivant leur âge". Il est devenu vice président national de la confédération nationale des prisonniers politiques 40-45 et de leurs ayants droit, le CNPPA. Cette association facilite notamment l'accès aux archives de guerre : "Moi-même j'y ai été pour en savoir plus sur mon papa et j'y ai retrouvé des lettres adressées au Ministère par maman. Beaucoup de gens cherchent encore des informations chaque semaine". Mais surtout, la confédération permet avec "Hainaut mémoire", la seule province à disposer d'un tel service, à des classes de découvrir les lieux de mémoire. "Quand nous allons dans un camp de concentration, je raconte souvent l'histoire de mon papa et cela impressionne et émeut les jeunes. De ces visites, ils sortent souvent les larmes aux yeux. Ces lieux restent imprégnés de leur funeste histoire et ce devoir de mémoire il faut le poursuivre parce que la bête n'est pas morte, il faut résister aux idées et discours simplistes d'extrême-droite et pour cela le meilleur rempart, c'est l'éducation"


B.D.