Tournai : une évaluation cinglante de la gestion du centre-ville

Tournai : une évaluation cinglante de la gestion du centre-ville

Tournai : une évaluation cinglante de la gestion du centre-ville

La commission d’agrément des agences de développement centre-ville a rendu un rapport très négatif pour la structure tournaisienne, pointant « un plan stratégique faible et de lourdes lacunes ». Un refus priverait l’asbl d’un subside de 120.000 euros par an.

L'an dernier, le gouvernement wallon a procédé à une réforme des modalités de financement des agences de développement centre-ville. L'une des modifications essentielles est l'octroi d'une agrément pour six ans, au lieu d'une révision annuelle, pour permettre à ces structures de fonctionner plus sereinement dans la durée.

Le revers de la médaille, c'est qu'il ne faut pas manquer cette étape de l'agrément et c'est ce qui pourrait arriver à Tournai, si l'on en croit les propos tenus mardi au Parlement wallon par le ministre de l'Economie Pierre-Yves Jeholet (MR), interpellé à ce sujet par la députée Dorothée De Rodder (PS). " Les propos de la commission sont assez édifiants, dit-il. La commission souligne que le plan stratégique est faible et présente de lourdes lacunes. Il n'est pas validé par l'assemblée générale, qui n'a pas signé le PV de la réunion. "

Une longue liste de reproches...

Il est reproché à l'asbl tournaisienne de ne pas mettre suffisamment en avant différents éléments : les synergies avec d'autres acteurs privés ou publics ; la proximité de la Flandre et de la France ; le vieillissement de la population ; les attractivités touristiques ; le nombre croissant de cyclistes ; les bornes de recharge pour voitures électriques ; le stationnement shop and go.

Le ministre n'a pas encore pris de décision définitive mais il n'a manifestement pas trop envie de prolonger pour six ans les subsides à cette asbl (120.000 euros par an, jusqu'ici).

... et la contre-attaque de Dorothée De Rodder

Dorothée De Rodder n'est pas du tout sur la même longueur d'onde. " La décision de cette commission est totalement incompréhensible au vu du travail effectué, estime-t-elle. Soyez assuré que je continuerai à creuser les motifs qui ont conduit à cette décision de la commission, mais j'ose espérer que vous pourrez effectuer un comparatif objectif de ce dossier. "

La députée s’est plongée dans le dossier et elle est arrivée à la conclusion que les éléments avancés par la commission sont tout simplement « faux ». Contrairement à ce qu’affirme la commission d’agrément, il n’y a, dit-elle, pas de prélèvement de loyers sur les cellules vides (ce qui serait illégal), le plan stratégique a bien été validé en assemblée générale et la parité public/privé dans les structures est similaire à celle des asbl des villes comparables et qui n’ont, elles, reçu aucun avis défavorable…

« Durant un an, l’ASBL Tournai Centre Ville a été orientée par un agent du SPW et a suivi scrupuleusement ses conseils dans le but d’obtenir cet agrément », ajoute Dorothée De Rodder, qui brandit un courriel de cet agent félicitant l’asbel pour le travail réalisé et suggérant même que le dossier tournaisien serve d’exemple pour d’autres villes.

La députée s’interroge dès lors sur les motivations de cette commission d’agrément, où siègent des représentants des ministres de l’Economie et des Pouvoirs locaux, ainsi que du SPW et de l’Union des villes et communes. « J'espère sincèrement que cette mesure de la commission n'est pas liée à l'appui dont pourrait bénéficier une association des commerçants qui a toujours vu une forme de concurrence avec la gestion centre-ville de Tournai, poursuit-elle. C'est dans l'accompagnement de cette commission qu'il y a un véritable problème. Cette commission monitore constamment les agences de développement en centre-ville. Elle est censée être là pour les guider et, quand il y a une difficulté, les remettre sur le droit chemin. À aucun moment il n'y a eu de problématique, bien au contraire : on les a encensées. »

La Ville reste confiante

Les instances régionales statueront prochainement sur le sort de l'asbl tournaisienne. Celle-ci a jusqu'au 15 novembre pour remanier son plan stratégique, en fonction des remarques de la commission d'agrément. " Je suis confiante en notre capacité à adapter notre dossier, nous a confié l'échevine du commerce Caroline Mitri (Ecolo), vice-présidente de cette asbl. Je m'appuie aussi sur nos résultats, qui ont toujours été considérés comme excellents. "

L'asbl existe depuis 25 ans et emploie huit personnes. Tous les partis politiques y sont représentés au prorata de leurs élus communaux et le secteur privé (UCM, commerçants et même représentants des centres commerciaux) occupe la moitié des mandats au sein du CA.


C.D.C.