“On ne se sent plus jamais en sécurité” : Claire Lamblin présente à l’aéroport de Zaventem le 22 mars 2016

“On ne se sent plus jamais en sécurité” : Claire Lamblin présente à l’aéroport de Zaventem le 22 mars 2016

Découvrez un extrait de "Zone Franche", l'entretien long format avec Claire Lamblin.

Le 22 mars 2016, alors qu'elle rentre d'un Citytrip à Berlin avec des amis, Claire Lamblin vit les attentats de Zaventem. Elle est pile à l'étage inférieur lorsque la deuxième bombe explose faisant voler en éclats sa vie. Après la sidération, l'évacuation d'urgence dans un décor de guerre commence une longue errance : la jeune femme est livrée à elle même. Sa famille la soutient de façon inconditionnelle mais Claire rentre dans une grande période de solitude.

"On ne sent plus jamais en sécurité, on est dans cet état d'hyper vigilance et donc au début nos amis sont assez bienveillants et puis en fait on se rend compte qu'ils s'éloignent au fur et à mesure parce qu'ils ne comprennent pas ou tout simplement parce qu'ils ne savent plus rien faire pour nous parce qu'on ne va pas mieux donc c'est aussi en fait une bombe qui explose dans le cercle amical."

La jeune femme qui a été scolarisée à Dottignies et Tournai était pourtant avant cela une baroudeuse: elle n'hésitait pas à partir sac au dos seule ou avec une amie sans aucune appréhension. Elle a également participé à deux projets humanitaires en Malaisie et à Madagascar.

Les stigmates psychologiques de l'attentat restent très présents mais il y a aussi les problèmes physiques liés au blast, l'onde de choc qui avait fait sauter les canalisations et s'effondrer les plafonds. Claire souffre de plusieurs atteintes physiques dont certaines n'ont été que très récemment diagnostiquées par un spécialiste des syndromes post-traumatiques.

L'état belge est le grand absent du procès

En janvier 2023, elle assiste pour la première fois au procès des attentats.

"C'est là que j'ai compris que ce que je vivais était légitime, il m'aura fallu 7 ans pour que je m'autorise à penser cela". La jeune femme de 32 ans qui habite à Wasmes-Audemetz-Briffoeil est toutefois choquée par le peu de considération accordée aux victimes et au manque d'informations tout au long de ces années.

"C'est l'état belge qui aurait d être également dans le box des accusés: c'est le grand absent du procès".

Aujourd'hui, néanmoins, maman d'un petit garçon, Claire aimerait partager son vécu au sein des écoles et d'associations comme un signe d'espoir et un pas vers la guérison.


Aniko Ozorai