L'édito de la rédaction : ça ne tourne pas rond autour du rond-point

L'édito de la rédaction : ça ne tourne pas rond autour du rond-point

La suite de l’histoire est difficilement compréhensible puisque les occupants du véhicule en fuite n’ont pas été arrêtés. Une décision qui semble échapper à toute logique mais qui pourtant était la seule à prendre, c’est l’objet de l’édito de la semaine.

Autant vous le dire en effet, ce matin en réunion de rédaction, quand notre journaliste Théo Defranne, qui était allé sur place, nous a raconté ce qu'il avait vu, nous étions assez abasourdis. Deux fuyards, poursuivis par la police française après avoir commis un délit en France, provoqué un accident en Belgique, accident qui au passage a quand même causé de sérieuses blessures aux deux occupantes du véhicule percuté, ces deux fuyards étaient donc tout sourire, assis dans l'herbe, entourés par une nuée de policiers belges et français qui les ont purement et simplement laissé partir libres comme l'air.

Tout bonnement incroyable non ? Et pourtant tout à fait explicable.

Certes, cela fait des années qu'on nous vante les mérites de l'Eurométropole qui doit faire de notre de région une espèce d'exception ou s'appliquent des collaborations territoriales communes. Parmi ces collaborations, celles qui prévoient des missions de police exécutées par les forces de l'ordre françaises en Belgique et belges en France. On se souviendra des grandes opérations de com nous montrant des équipes de police franco-belges patrouillant allègrement de part et d'autre de la frontière, on se rappellera également des grands accords Tournai 1 et Tournai 2 régissant les modalités d'intervention des Français en Belgique et des Belges en France.

Mais c'est justement au nom de ces accords que nos lascars ont dû être relâchés. Car dès lors qu'on touche à des questions de sécurité en général et de missions de police en territoire étranger en particulier, le cadre légal est des plus stricts. Et en ce cas d'espèces, les policiers français semblent ne pas avoir correctement assimilé certaines règles.

D'abord, les fuyards s'étaient rendus coupables d'un refus d'obtempérer, une infraction qui n'autorise pas les forces de l'ordre à mener une course poursuite de l'autre côté de la frontière. Ensuite, et c'est encore plus grave, il s'agissait de policiers municipaux qui en aucun cas ne sont habilités à effectuer des poursuites au-delà de leur frontière nationale, cette compétence extra-territoriale n'étant accordée qu'à la police nationale et à la gendarmerie.

Et donc, si les fuyards avaient été arrêtés et emmenés en France par les policiers municipaux, toute la procédure et les éventuelles poursuites auraient dues être abandonnées pour vice de procédure.

Sachez que les malfaiteurs ne s'en tireront quand même pas sans dommage, ils risquent de se retrouver devant un tribunal belge puisqu'ils se sont rendus coupables, sur notre territoire, d'entrave méchante à la circulation, une infraction punissable mais qui ne justifie pas d'arrestation immédiate.

Conclusion de toute cette histoire en matière de collaboration policière transfrontalière, ce fait-divers autour du rond-point aura montré que tout ne tourne point rond.


Xavier Simon