L'édito de la rédaction sur la fermeture du restaurant social l'Assiette pour tous à Tournai : précarité et solidarité

L'édito de la rédaction sur la fermeture du restaurant social l'Assiette pour tous à Tournai : précarité et solidarité

Cette semaine à Tournai, le restaurant social l’Assiette pour tous a décidé de fermer ses portes une semaine. En cause : la multiplication ces dernières semaines de faits de violence. C’est la première fois que les responsables prennent une mesure aussi forte, c’est l’objet de l’édito de la semaine.

Pour la première fois de son histoire en effet, le restaurant social qui sert 80 repas par jour ferme ses portes tant les travailleurs sont désemparés devant les faits de violences. Agressivité, tensions, bagarres, autant de choses que les bénévoles n’ont jamais connues ici explique Christophe Coussé, le président de l’association. « La fermeture, explique-t-il, est une mesure forte mais qui ne règle pas le problème, il faut trouver des solutions d’autant que ce sont les bénéficiaires qui sont pénalisés. »

Cette multiplication de faits de violence intervient à un moment où l’on constate l’arrivée d’une population étrangère à la ville, à cause de la proximité de la gare. Là où les responsables de l’Assiette pour tous peuvent gérer leurs habitués, ils se trouvent démunis dès lors qu’ils sont confrontés à des inconnus.

Ce phénomène de violence et d’insécurité s’est invité au conseil communal de Tournai. On saura d’ailleurs gré aux différents intervenants de ce débat d’avoir abordé les questions de fond sans verser, comme c’est trop souvent le cas quand ces sujets sont abordés par ailleurs, dans un populisme ou une stigmatisation stérile. La conseillère libérale Marie-Christine Marghem a relayé le sentiment d'insécurité ressenti par les habitants aux alentours de la gare et la place Crombez, une vision partagée par le bourgmestre, Paul-Olivier Delannois, qui se sent démunis face à ces rassemblements de personnes désoeuvrées puisque ce n'est pas interdit et donc pas punissable.

La lutte contre ce phénomène de précarisation, d’addictions diverses et d’actes d’incivilité voire de violence urbaine dépasse largement le cadre tournaisien. Elle réclame des moyens financiers et humains. Ces moyens on le sait sont comptés, c’est peu de le dire, et il semblerait logique que si par bonheur on pouvait en dégager, la cité des cinq clochers figure parmi les bénéficiaires prioritaires. La ville abrite une prison, un hôpital psychiatrique et un établissement de défense sociale qui par nature amènent en ses murs une population particulièrement fragile qui souvent s’y fixe définitivement. Contrairement à d’autres villes, elle dispose de structure d’accueil – abri de jour, abri de nuit, associations d’aide aux plus démunis et autres qui la rendent « attractive » pour une population en souffrance.

La moindre des choses serait que cette solidarité dont elle fait preuve soit récompensée sous forme d’aides et de financements qui lui permettaient de juguler plus facilement les dérives que peut entrainer la précarité. Ce serait aussi une façon de faire participer à l’effort des communes qui ne proposent rien ou presque à leurs citoyens en détresse et pour certaines poussent le cynisme jusqu’à les envoyer dans des entités plus solidaires.


Xavier Simon