L'édito de la rédaction : Your Nature, la méthode Coué ?
Une séquence à retrouver chaque vendredi dans le journal de 18h.
C’est une fois de plus Your Nature qui a fait l’actualité cette semaine mais pas forcément pour de bonnes raisons. On savait l’eco resort en difficulté financière, mais il semble que l’on ait franchi un cap puisque des rumeurs font maintenant état d’une possible faillite. C’est l’objet de l’édito de la semaine.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’histoire de l’Eco Resort est loin d’être un long fleuve tranquille. Les plus anciens se souviendront que fin des années 90, la première mouture du projet avait provoqué une levée de bouclier. On parlait alors d’un centre de glisse, véritable désastre écologique puisqu’il était question d’implanter notamment des pistes de ski sur le domaine du Prince de Ligne.
Face à la mobilisation citoyenne, conscientisée au côté aberrant d’un concept aux antipodes de préoccupations environnementales de plus en plus présentes dans le débat public, les promoteurs ont fait volte-face pour s’orienter vers un projet plus éco-responsable sous la forme du Your Nature que nous connaissons aujourd’hui. Les puristes diront que l’existence même du projet sur 180 ha de nature est une atteinte à l’environnement, cicatrice ouverte dans la nature à des fins de profits financiers. Les autres reconnaitront les efforts réalisés pour que le projet se réalise en respectant autant que faire se peut le site et en ayant recours à des pratiques, des procédés de construction, un aménagement des sols qui impactent le moins possible la nature.
Au-delà de cette question philosophique qui divisera toujours, il y a aussi bien sur le volet économique du projet et sa mise en oeuvre. Et là, tout le monde sera d’accord, on est allé de couacs en couacs. Lancés officiellement en 2017, les travaux d’aménagement vont prendre un retard considérable au point que l’ouverture au public annoncée pour juin 2018 sera postposée au printemps 2019 pour n’avoir finalement lieu qu’à l’été 2022. Entretemps, pour faire face aux investissements, il aura fallu consolider les emprunts auprès des banques, trouver de nouveaux bailleurs de fonds, nouer des partenariats. Et tout cela s’est fait dans la douleur, pas moins de quatre directeurs se sont succédés en 8 ans, le dernier vient de démissionner, ce n’est pas le signe d’une grande sérénité.
Enfin, depuis que le projet est lancé, des rumeurs rapidement avérées ont fait état de retards de paiements importants que ce soit envers des employés, des fournisseurs, des prestataires de service, des entreprises. En tant que témoins extérieurs, on pourrait éventuellement passer sur l’aplomb avec lequel les responsables de l’eco resort ont continuer à affirmer envers et contre tout que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes, même si cela laisse la désagréable impression d’avoir été pris pour des imbéciles. Par contre, du point de vue de ces fournisseurs, travailleurs, prestataires, cela relève au mieux d’un manque de respect, au pire d’une malhonnêteté qui pourrait avoir pour certains d’entre eux de graves conséquences sans même préjuger d’une éventuelle faillite dont on imagine les conséquences.
Il serait plus que temps aujourd’hui de jouer franc jeu. Reconnaitre ses difficultés, parler de ses difficultés avec ses partenaires, respecter ses interlocuteurs, même si cela implique de révéler ses failles, ne serait-ce pas là une vraie forme de noblesse ?
Xavier Simon