L’édito de la rédaction sur la pollution aux PFAS : de l'eau en toute transparence ?
L’actualité cette semaine, ce sont évidemment les nouvelles révélations autour de la présence de PFAS dans l’eau de distribution. On retrouve ces substances toxiques un peu partout en Wallonie et notamment en Wallonie picarde. Au-delà du problème sanitaire évident, on ne peut que s’interroger devant l’apathie de nos autorités face à cette crise de l’eau, c’est l’objet de notre édito cette semaine.
De leur nom officiel substances perfluoro alkylées et polyfluoro alkylées, les PFAS sont utilisés depuis les années 1940comme antitaches, antiadhésifs, imperméabilisants et pour leur résistance aux flammes. On en retrouve dans des produits d’utilisation courante comme les textiles, les produits ménagers, l’automobile, l’électronique et dans les domaines de la lutte contre les incendies, l’agroalimentaire, la construction. L’exposition aux PFAS peut avoir des effets néfastes sur la santé humaine et animale et sur l’environnement.
Et ces PFAS, aussi surnommés polluants éternels, ça en dit long sur leur toxicité, on a eu confirmation qu’on en retrouve également dans l’eau qui alimente les foyers via le réseau de distribution de la SWDE.
On peut évidemment comprendre que de façon accidentelle et inopportune des substances plus ou moins toxiques se retrouvent dans l’eau de distribution. On imagine alors que la SWDE, qui pratique cela va de soi de multiples contrôles sur la qualité de l’eau, agisse dans les plus brefs délais pour remédier au problème et pour préserver ainsi la santé de ses clients. Eh bien, à la SWDE, visiblement, ça ne coule pas de source.
Concrètement, la présence de PFAS était connue depuis octobre 2021. Et notamment dans les eaux du puits de captage de Chièvres, qui alimente une partie de l’entité et certains villages des entités voisines. Deux ans que la SWDE savait, sans juger utile de prévenir les autorités communales et à fortiori, laissant les habitants boire cette eau contaminée. Un papa sur notre antenne exprimait toute sa colère d’avoir donné de cette eau à sa petite fille, colère on ne peut plus légitime.
L’installation – tardive – de filtres à charbon n’arrange rien à l’affaire. Même s’ils sont censés purifier l’eau, la relation de confiance entre la SWDE et les citoyens est elle, si pas définitivement, ou au moins pour un bout de temps polluée. Polluée par les non-dits, par le sentiment d’avoir été floués, pire, mis en danger.
Cette défiance vaut aussi pour les autorités wallonnes, et la ministre Tellier en particulier. Son administration savait, elle aussi, depuis longtemps. En tant que ministre de l’environnement, elle aurait du réagir immédiatement ? Que la faute lui incombe à elle directement ou a son administration qui ne l’aurait pas alertée, en tant que ministre sa responsabilité est clairement engagée.
Les messages contradictoires qu’elle envoie aujourd’hui, propos alarmistes sur la consommation des légumes et des œufs et incitation à boire une eau à nouveau potable plonge encore un peu plus le citoyen dans le doute sur la qualité de l’eau. Parce que des doutes sur l’amateurisme coupable et la légèreté à tous les niveaux dans le traitement de cette crise, il n’en a plus aucun.
Xavier Simon