L'édito de la rédaction : une rentrée sous le signe de la marchandisation

L'édito de la rédaction : une rentrée sous le signe de la marchandisation

Depuis lundi, les écoliers du primaire et les élèves du secondaire ont repris le chemin de l’école. Cette rentrée, la deuxième depuis l’entrée en vigueur des nouveaux rythmes scolaires, se déroule dans un climat un peu morose, il faut bien le dire et dans un contexte qui laisse parfois songeur. C’est l’objet de l’édito de la semaine.

Derrière l’image d’épinal des enfants avec leur nouveau cartable, des quelques larmes versées par les plus petits et parfois leurs parents, de la cloche qui sonne aussi le glas des vacances, cette rentrée 2023 est un peu morose.

Au-delà des inquiétudes entendues ci et là sur la réelle possibilité de mener l’ambitieuse politique d’enseignement inclusif, la poursuite de la mise en place du pacte pour un enseignement d’excellence fait grincer des dents puisqu’elle s’attaque en ce début d’année au sujet qui fâche : l’évaluation des profs. 

Les syndicats libéraux et socialistes de l’enseignement ne veulent pas en entendre parler tant que leurs revendications n’ont pas été rencontrées, revendications portant notamment sur la réduction de la taille des classes, la valorisation de l’enseignement qualifiant ou encore l’alignement du rythme scolaire de l’enseignement supérieur à celui de l’enseignement obligatoire. Et donc, avant même que les élèves n’aient intégré leur classe, ces organisations syndicales ont déposé un préavis de grève courant jusqu’à la fin de la législature, ambiance.

Cette rentrée confirme aussi semble-t-il la marchandisation grandissante de l’enseignement. On voit fleurir sur les réseaux sociaux quand ce n’est pas carrément sur la façade de certains établissements des promesses de repas gratuits, de cartables rutilants offerts, de fournitures scolaires données, de garderies à l’oeil pour attirer l’élève devenu chaland. 

Difficile de condamner ces écoles qui pour certaines luttent pour préserver l’emploi quand ce n’est simplement pour leur survie, guettant avec inquiétude chaque jour leur chiffre de population. On aimerait tant que le choix d’une école repose sur la qualité de son enseignement et de ses enseignants, la pertinence de son projet éducatif mais on en est loin. 

Cela étant, cette course au tout gratuit est aussi le reflet d’une triste réalité : la précarisation grandissante d’une part de plus en plus importante de la population. A ce titre, si elles sont un argument de séduction, les cantines gratuites répondent aussi à un véritable besoin et garantissent à certains enfants l'assurance de manger au moins une fois par jour un repas complet et sain . 

La Fédération Wallonie-Bruxelles ne s’y est pas trompée elle qui offre des repas gratuits dans 400 écoles à population dites défavorisée. Même si elle ne concerne que 30 000 élèves sur les 500 000 que recense l’enseignement fondamental, cette mesure a le mérite d’exister et constitue un pas vers une gratuité de l’enseignement qui reste encore aujourd’hui un mythe.

Enfin, la pénurie de profs pose elle aussi un véritable problème pour l’organisation des cours. Et comme certains parents choisissent leur école en fonction des avantages, certains profs de branches en pénurie font monter les enchères aux petits avantages entre différents établissements, marchandisation on vous disait. Bref, tout le monde reprend petit à petit le chemin de l’école, mais l’école elle, ne sait pas vraiment où elle va.


Xavier Simon