Entre exploit historique et une belle dose d’amertume, les Mondiaux de squash bizarres du Tournaisien Gilles Roger

Demandez à Gilles Roger avec quels sentiments il revient de ces Mondiaux et sa réponse sera plus que partagée. Opposé à l'Allemand Predi Fritsche en finale, il était à deux doigts de l'exploit quand tout s'est éffondré. "J'étais en train de gagner. J'avais remporté le premier set et on était à égalité au début de la deuxième manche quand tout à coup, sans aucun signe annonciateur, j'ai ressenti une énorme décharge dans le bas de la jambe droite" explique celui qui s'entraîne au Negundo. "Je m'écroule et je finis par enlever moi-même ma chaussure et là je vois comme un creux au niveau tendon. Je sais que c'est fini." Le verdict est sans appel et il est implacable, Gilles souffre d'une rupture du tendon d'Achille. "C'est rageant car je volais sur le terrain, cette finale ne pouvait pas m'échapper. J'étais au meilleur de ma forme et je montais en puissance au fur et à mesure du tournoi."

De retour en Belgique, Gilles s'est fait opérer vendredi dernier et est au-devant d'une longue période de rééducation. Mais bien plus que le dénouement cruel de ces Mondiaux, le Tournaisien regrette surtout l'attitude l'organisation et des différentes fédérations. "Les organisateurs ont été exécrables durant tout le tournoi. Au moment de ma blessure, je n'ai pratiquement reçu aucune aide de leur part. Au contraire, ils m'ont fait perdre beaucoup de temps et m'ont limite mis dans une pièce à côté en essayant que cela s'ébruite le moins possible. Au niveau des différentes fédérations, je n'ai reçu aucune aide et aucun soutien" déplore-t-il. Du soutien, il en par contre reçu de la part de plusieurs joueurs. "Mon adversaire en finale a été d'une grande élégance" se remémore le Tournaisien. "Étant à l'hôpital, je ne pouvais pas assister à la remise des prix. Un de mes amis présent est alors retourné sur place et a demandé s'il était possible de faire un appel vidéo avec moi pour la remise des médailles. Le présentateur est au courant et m'annonce. Je reçois un standing ovation, c'était très émouvant. Une fois plâtré, j'ai pu revenir au club et là, tous les joueurs encore présents, des grands noms du squash dont j'avais entendu parlé mais que je n'avais jamais rencontré, sont venus vers moi pour m'encourager, me consoler, me raconter ce qui leur était arrivé. Tout cela m'a fait beaucoup de bien." Premier joueur belge à être sacré vice-champion du monde de squash, Gilles Roger ne sait pas encore s'il pourra rejouer un jour.