Jean-Luc Crucke, grand vainqueur des élections en Wallonie picarde : «J'ai pris d'énormes risques»

Jean-Luc Crucke, grand vainqueur des élections en Wallonie picarde : «J'ai pris d'énormes risques»

Le Frasnois a réussi le plus gros score dans notre région.

Jean-Luc Crucke a fait le pari des Engagés il y a plusieurs mois. Un choix qui s'est avéré gagnant puisque l'ancien cdH a réalisé la plus forte progression au sud du pays.

Avec 32.308 voix, le Frasnois a été élu député à la Chambre. "Je connais le Parlement fédéral puisque j'y ai déjà été il y a 20 ans. C'est un re-retour aux sources. C'est évidemment différent. Pour avoir vécu le deux, je peux dire qu'on n'a pas le même genre de débats. D'abord, les thématiques ne sont pas les mêmes. Puis on sait aussi que, au Parlement fédéral, l'élément communautaire avec les Flamands, et quand vous voyez ce que le Vlaams Belang va amener comme représentation, on peut se dire qu'il y a généralement de l'animation. Mais ce que je peux aussi confirmer, c'est que dans les deux parlements, il y a du boulot. Parfois, on pense que ce n'est pas le cas au Parlement wallon. C'est tout à fait faux. Il y a vraiment matière à travailler ", a confié Jean-Luc Crucke sur le plateau de notre édition spéciale du journal.

Moi, je ne suis pas du tout un conservateur, je suis un libéral.

A la région et au fédéral, on se dirige vers des coalitions entre Les Engagés et le MR. Si les négociations se concrétisent, Jean-Luc Crucke va donc devoir collaborer avec un parti qu'il a quitté. "Ça ne fait rien. Je crois qu'il faut surtout respecter ce que l'électeur a donné comme signal. Il a donné cette fois-ci un signal clair, une majorité de droite, et en ce qui concerne Les Engagés, de centre droit. Que nous travaillons ensemble, je pense que c'est logique, il faut qu'on puisse trouver les accords. Moi, je ne suis pas du tout un conservateur, je suis un libéral, je reste un libéral. La dérive du MR vers la droite n'était pas du tout ma manière de voir les choses dans l'évolution. Et donc je maintiens ce qui est pour moi fondamental, cette vue sociétale dans laquelle on doit plus rassembler que diviser. Je n'aime pas les formes non plus parfois de langage que je trouve extrêmes, mais il y a un message de l'électeur. Il faut l'accepter. Et donc je pense que tout à fait capable de pouvoir travailler ensemble et entre hommes et femmes de ces deux formations politiques, moi, j'ai gardé plein d'amis au MR. Il y a l'une ou l'autre personne avec qui effectivement les relations sont mauvaises. Ça restera comme ça, mais c'est rare. Pour le reste, ce n'est pas le petit ego des personnes qui est important, c'est ce qu'on va prendre comme mesures, comme décisions. Je crois que c'est là qu'il ne faut pas décevoir. Et peut-être, contrairement à ce que les commentateurs pensaient ou en tout cas avançaient, on va pouvoir faire des gouvernements plus rapidement. Et ça, c'est aussi une bonne chose quand on veut gouverner un pays."

Il ne faut vraiment pas compter sur Les Engagés pour faire une réforme de l'Etat qui va dépecer ce pays.

Au nord du pays, la NV-A a remporté les élections et sera à la manoeuvre pour la formation d'un gouvernement fédéral. "On a toujours dit qu'en ce qui nous concerne, la NV-A n'est et ne sera jamais le premier choix. Mais une fois de plus, vous devez tenir compte de ce que l'électeur flamand a fait comme choix. On peut aimer ce système ou pas, le système électoral belge, mais le système électoral belge fait en sorte que finalement, on a deux grosses circonscriptions bien différentes puisqu'un Flamand ne peut pas voter pour un Wallon et un Wallon ne peut pas voter pour un Flamand. Et la Flandre, j'ai envie de dire heureusement, n'a pas voté Vlaams Belang. C'est quand même fou de se réjouir que c'est mieux la NV-A que le Vlaams Belang, parce qu'il y a quand même de la NV-A ce qu'on appelle la division du pays. Mais bon, reconnaissons que sur le plan social et sur le plan économique, les points de convergence sont là. On voit aussi qu'un parti comme Vooruit, ancien parti socialiste qui s'est mué en Flandre, a un positionnement qui est plutôt centriste et pas socialiste et qui dit : moi, je suis prêt à aller au gouvernement, même sans le Parti socialiste. Donc les lignes ont bougé et l'électeur a clairement fait des choix, même en Flandre. Donc, dans ces cas-là, vous devez accepter. On ne nous demande pas de dormir ensemble, on nous demande de gouverner ensemble, de faire un gouvernement ensemble. Et donc inévitablement, il y aura sans doute l'élément, qu'on appelle communautaire, c'est-à-dire la réforme de l'Etat sur la table. Alors c'est là sans doute que des éléments durs viendront. Parce que si c'est pour faire une réforme de l'État qui va dépecer ce pays alors qu'on va arriver au 200e anniversaire, il ne faut vraiment pas compter sur Les Engagés. Si par contre on veut moderniser ce pays. Si réellement, on ose aussi revoir nos institutions, regardez les provinces, est-ce qu'on va continuer avec X provinces ? Est-ce qu'on ne peut pas parler de fusions de communes ? Est-ce qu'il faut autant d'intercommunales ? Ça, je crois que les électeurs nous attendent au tournant pour qu'il y ait vraiment des réformes structurelles.

Toujours une énorme popularité auprès des Frasnois

L'ancien bourgmestre de Frasnes est resté très populaire dans le pays des Collines. A Frasnes, 31% des citoyens ont voté pour Les Engagés. Et Jean-Luc Crucke est arrivé largement en tête avec 1.544 voix de préférence. De quoi lui donner envie de se relancer dans la politique communale ? "Depuis un certain temps, je pense qu'on ne sait pas tout faire en politique et qu'à force de se diviser, on finit par ne plus rien faire. J'ai décidé de mener un combat au fédéral et je vais le mener avec Les Engagés. J'ai pris, comme vous le savez, d'énormes risques. Beaucoup, au départ se sont posé des questions. Moi pas. Je savais ce que je faisais et je continuerai à le faire. Évidemment, quand je vois ce que les Frasnois m'ont apporté comme soutien, c'est quelque chose que je n'oublie pas et je ne l'oublierai jamais. Ils sont dans mon coeur, humainement dans mon coeur. Et donc, dès que je pourrai aider à des solutions qui sont des solutions où on travaille dans la commune et pour la commune, pas pour son petit ego, je serais derrière cela, mais que ce soit en Frasnes où que ce soit ailleurs."


J.C.