Eoly/Colruyt diminue la voilure

Eoly/Colruyt diminue la voilure

Lors de la conférence de presse de Colruyt, ce mardi 14 mars, le groupe a annoncé tout de go qu'il limitait à 150 mètres la hauteur des éoliennes qu'il prévoit d'installer à Herne, près d'Enghien, au nord de la ligne de chemin de fer Halle-Tournai.  

"Nous avons reçu beaucoup de remarques sur la hauteur totale (mât+pales) et nous constatons une inquiétude réelle chez les riverains. Nous désirons une collaboration positive et sereine." La conférence de presse visait donc à calmer la polémique. De plus, le groupe confirme avoir commencé à prospecter à Enghien (côté wallon) pour un nouveau projet.

Chaud, chaud

Rappelons que l'enquête publique a déjà commencé à Enghien, Silly et Rebecq ce 8 mars, pour un projet d'éoliennes d'une hauteur de 200 mètres. Cela risquera sans doute d'emmêler les pinceaux des citoyens désireux d'exprimer leur avis. Ils s'expriment d'ailleurs sur les réseaux sociaux avec virulence et d'aucuns n'hésitent pas à qualifier cette annonce d'un procédé visant à commencer l'opération par un gros effet d'annonce pour mieux faire accepter par la suite un projet plus modeste.
Eoly/Colruyt s'en défend et nie fermement une telle intention. Le groupe estime que les éoliennes de 200 mètres (Enercon E126) étaient la bonne proposition (plus minces, moins bruyantes que celles construites à Estinne) mais qu'il "entend" l'avis des opposants. Stephane Windels : "Nous pouvons comprendre que les riverains se fassent du souci, nous sommes donc très désireux d'écouter ce qu'ils ont à dire et d'ouvrir le dialogue."

Le plus écolo des supermarchés

C'est son fer de lance. Colruyt aime à rappeler qu'il investit dans la performance énergétique de ses bâtiments, éoliennes, panneaux solaires, pompes à chaleur, bio-méthanisation et bientôt l'hydrogène. Dans son prospectus, Eoly écrit qu'il veut "oeuvrer à un monde meilleur".  Douze éoliennes sont déjà construites et la chaine compte en implanter une quarantaine en Belgique (ces chiffres dépendent en somme de la puissance maximale de chaque éolienne).
L'ambition est l'autonomie en matière énergétique : "produire de façon durable 100% de nos besoins en électricité". Olivier Massin, directeur Expansion du groupe Colruyt réaffirme : "C'est notre prise de responsabilité pour un futur meilleur." Mais le cadre avoue avoir sous-estimé la réactivité des citoyens enghiennois, puisque ceux-ci avaient élu un bourgmestre écolo. Il faut ici rappeler que ce ne sont pas les éoliennes qui sont en cause, c'est leur taille et leur proximité.

"On respecte les normes les plus sévères en matière de bruit, celles de la Flandre"

En zone résidentielle, de 7h à 19h, les décibels seraient de 44, de 19h à 22h à 39 (la Wallonie préconise 40 décibels maximum) et la nuit 39. En zone agricole, aux mêmes heures 48, 43 et 43.  Un bureau d'études externe, Sertius, a, de plus, fait des analyses sonores auprès des habitations de 18 riverains isolés.
Concernant les effets stroboscopiques, "pour quelques objets, les normes peuvent être dépassées en théorie.  Un module d'arrêt automatique sera intégré dans les éoliennes. Dès que le seuil sera dépassé, l'éolienne sera mise à l'arrêt automatiquement." (Ce qui est prévu par la Loi : maximum 8h par an, 30 minutes par jour).

Quid des compensations ?

Des riverains émettent l'idée de compensations financières pour la perte éventuelle de qualité de vie et de la dévaluation de leur maison. Colruyt dit que des études financières démontrent que si effectivement la valeur de la maison dévalue dans un premier temps après l'installation d'une éolienne à proximité, elle remonte peu de temps après et qu'à terme, il n'y a donc pas de perte financière. D'autre part, Stéphane Windels, Business Unit manager Eoly, nous affirme que le but de ces éoliennes n'est pas l'investissement pour l'investissement mais bien l'autonomie énergétique de la chaine.
Côté qualité de vie, Eoly Coopération prévoit un fonds de compensation destiné par exemple à modifier la vue (exemple : planter des arbres).

Le lieu-dit "Moulin Duquesnes"

Suite au débat de notélé (Les éoliennes de la discorde - février 2017), où le bourgmestre Olivier Saint-Amand stipulait qu'il avait été voté qu'un seul endroit de l'entité - le moulin Duquesne - était potentiellement assez distant des habitations pour y construire des éoliennes. Eoly confirme avoir commencé les prospections auprès des agriculteurs du lieu-dit.

Eoly/Colruyt ira en recours pour le projet de Frasnes

Le groupe compte encore construire plus d'une vingtaine d'éoliennes en Belgique.  Il va en recours de deuxième instance auprès du Ministre wallon de l'Aménagement du Territoire.  Les fonctionnaires technique et délégué (DGO3 et DGO4) du SPW avaient suivi l'avis du collège communal et des habitants et avaient remis un avis négatif quant à la construction de 4 éoliennes aux abords de la sortie d'autoroute A8 à Frasnes. Il avait jusqu'au 6 mars pour réagir. C'est fait.

D.R.