L'édito de la rédaction sur le bad buzz d’Héloïse Renard : une présidente sous tension
Lundi, le conseil communal de Tournai était appelé à voter le budget du CPAS. Ce vote a donné lieu à des échanges tendus entre la présidente de l’institution et des représentants de l’opposition, des échanges qui ont suscité des centaines de commentaires, parfois haineux, sur les réseaux sociaux, c’est l’objet de l’édito de la semaine.
Nous ne reviendrons pas ici sur le fond du débat - la réduction de la norme d'engagement en maison de repos avec pour conséquence une réduction du personnel. Il s'agit d'une décision politique proposée et assumée par une majorité. Ce qui pose problème, c'est la façon dont la jeune présidente du CPAS l'a défendue face aux arguments de l'opposition. La conseillère communale PTB Eléonore Van den Bogaert, sur base de son expérience personnelle, a exprimé sa crainte que cette décision ait des conséquences désastreuses sur la qualité des soins apportés aux pensionnaires et sur le bien-être au travail d'un personnel déjà confronté à des conditions de travail pénibles. Paul-Olivier Delannois s'est inquiété lui notamment du manque de concertation préalable à ces décisions. Au-delà du contenu des réponses apportées par la présidente du CPAS chacun s'en fera sa propre opinion c'est le ton qui a surpris. Un ton qui pour la majorité de ceux qui ont vu la vidéo reprenant ces échanges, véhicule au-delà du message, manque d'empathie, arrogance, inexpérience et dédain.
Si malheureusement parmi les commentaires qu'il a suscités s'en trouvent des excessifs, sexistes et inappropriés, il n'empêche que ce bad buzz soulève de vraies questions politiques.
En dehors de toute question de personne, était-il raisonnable de mettre à la tête d'une institution comme le CPAS de Tournai quelqu'un qui n'a aucune expérience professionnelle ni politique. Les responsables du MR qui aiment tant vanter le modèle du privé et rêvent de le voir appliquer au public imaginent-ils un chef d'entreprise engager un novice à un tel poste à responsabilité ?
Le mouvement réformateur semble aussi développer un modèle de concertation assez innovant : on analyse, on décide et puis après seulement, on consulte les personnes concernées, bizarre, non ?
Enfin, ce type de sortie ne risque-t-il pas de mettre à mal les relations entre les partenaires de la majorité tournaisienne ? Du côté d'ECOLO et des Engagés, qui revendiquent ouvertement leur tendance sociale, on a vu le malaise en direct et les réactions embarrassées ensuite, il faut le rappeler, au conseil, les propos de la présidente n'engagent pas qu'elle mais toute sa majorité
A défaut de soutien on a en tout cas rien vu lors du conseil - on imagine que les pontes du MR tournaisien apporteront au moins leur expérience à leur jeune présidente. En politique, dès lors que l'on occupe un poste en vue, on a peu de temps pour apprendre et si la jeunesse permet beaucoup, elle n'excuse pas tout.
Xavier Simon