L'édito de la rédaction sur la grève chez Bpost : le facteur humain ?

L'édito de la rédaction sur la grève chez Bpost : le facteur humain ?

Depuis un peu plus d’une semaine, le centre de tri de la poste de Froyennes est paralysé par un mouvement de grève. C’est l’objet de l’édito de la semaine.

Les postiers sont inquiets et fâchés et le font savoir. Selon eux, le nouveau plan qui organise les tournées notamment en fixant le nombre de boîtes à servir et le nombre de colis à distribuer chaque jour est irréaliste et intenable pour les facteurs. Pour se faire entendre, ils se sont mis en grève depuis un peu plus d'une semaine avec pour conséquence aujourd'hui que plus rien ne sort du centre de tri de Froyennes. Du côté des clients qui attendent lettres, colis ou plaque de voiture, les réactions vont de la compréhension à la colère.

Nous n'allons pas rouvrir ici le sempiternel débat droit de grève versus service minimum mais plutôt nous attarder sur quelques questions que peut poser ce conflit.

Depuis quelques années, les nombreux facteurs engagés dans les années 80 pour dégonfler les chiffres d'un chômage qui atteignait alors des records sont tous ou presque partis à la pension sans être remplacés. Les organisations syndicales estiment que l'on compte aujourd'hui 10 000 facteurs de moins qu'il y a 20 ou 30 ans. Cette baisse du personnel s'explique par l'évolution de la société le recours aux services postaux est moindre aujourd'hui qu'hier et par l'obligation de maintenir un équilibre financier.

Cet équilibre est de plus en plus difficile à trouver, l'une des techniques pour y arriver a été d'externaliser certains services. Il va de soi que ces services externalisés sont ceux qui sont à priori rentables, on voit mal le privé se lancer dans des activités qui génèrent plus de pertes que de profits. Et donc, les syndicats toujours estiment que pour arriver à maintenir le cap financier, le personnel est devenu la variable d'ajustement.

Les choses sont sans aucun doute plus complexes que cela mais il n'empêche qu'à une époque ou certains ne cessent de déplorer le nombre trop élevé d'inactifs, on se prend à rêver de la poste d'antan. Celle ou l'on demandait au facteur des qualités humaines, de l'attention pour ses clients plutôt que le coup de pédale de Remco Evenepoel pour sprinter de boite en boite.

Car à tout prendre, ne vaut-il pas mieux pour tout le monde remettre des facteurs sur nos routes, ramener ainsi des gens à l'emploi qui retrouveront, un boulot, le sentiment d'être utile à la collectivité, un pouvoir d'achat supplémentaire à injecter dans notre économie. Cela coûterait-il beaucoup plus cher ? A voir. En sachant que de toute façon, que les gens travaillent dans les services publics ou restent inactifs, c'est quand même en grande partie avec votre argent qu'on les paiera.


Xavier Simon