L'édito de la rédaction sur l'annulation du festival «J'veux du soleil» : le bénévolat en crise ?

L'édito de la rédaction sur l'annulation du festival «J'veux du soleil» : le bénévolat en crise ?

Le festival « J’veux du soleil » n’aura pas lieu en 2024 faute d’un nombre suffisant de bénévoles pour assurer la bonne tenue de la manifestation. Le Festival n’est pas le seul à souffrir du manque de bras, serait-on en train de vivre une crise du bénévolat ? C’est l’objet de l’édito de la semaine.

"J'veux du Soleil", le festival créé et porté par la maison de Jeunes Carpe Diem à Comines restera donc dans l'ombre en ce début d'été 2024 avant de faire son retour en 2025, grâce à à la MJC de Comines qui du statut de partenaire passera à celui de chef d'orchestre et pourra ainsi apporter sa structure et ses ressources humaines indispensables à la bonne tenue d'un événement de cette ampleur.

Car il faut bien s'y résoudre, le temps a passé, les bénévoles de la première heure ont vieilli et la relève est difficile à assurer. Le festival "J'veux du Soleil" n'est pas un cas isolé ou une exception à la règle, le bénévolat traverse en Belgique, comme dans d'autres pays, une crise bien réelle. Selon le baromètre des associations, publié fin 2022 par la Fondation Roi Baudouin, " 30 % des associations constatent que les bénévoles actifs au sein de leur structure sont toujours moins nombreux qu'avant la pandémie: moins de 32 % par rapport à l'avant covid ".

Soyons clair, il serait injuste et trop réducteur de penser ou de dire qu'aujourd'hui, les bénévoles se font plus rares parce que nos concitoyens n'ont plus le sens de l'investissement gratuit. Les crises liées au Covid et au conflit russo-ukrainien ont de manière générale affaibli la capacité financière des Belges qui, entre un emploi rémunéré ou du bénévolat, doivent parfois choisir le premier.

Parallèlement à ce phénomène, la jeune génération souhaite davantage préserver sa vie privée, les engagements forts ont donc tendance à diminuer. A l'inverse, les jeunes retraités actifs, disposant de temps libre, ont, eux, tendance à s'investir. Ce n'est donc pas un hasard si aujourd'hui, un volontaire sur trois a plus de 60 ans, contre un sur cinq pour les moins de 30 ans, toujours selon l'enquête sur le volontariat de la Fondation Roi Baudouin.

Au-delà du cas particulier que nous évoquons aujourd'hui, il ne faut pas perdre de vue que la société entière se retrouve lésée par la baisse du volontariat. En Belgique, il participe activement à la qualité de vie des citoyens, s'il venait à disparaitre ce sont les citoyens les plus démunis qui en souffriraient le plus. Même s'il n'a pas vocation de pallier les carences de l'état, dans les faits le bénévolat y contribue largement.

Les pouvoirs publics devraient y réfléchir et faire en sorte que l'accès au volontariat soit plus aisé pour tous on pense notamment aux personnes sans emploi. Ils devraient aussi accentuer le soutien aux associations qui faute de ressources financières suffisantes n'ont d'autre choix que de recourir au bénévolat. Pour les bénéficiaires, mais pas que. Bien souvent, le bénévole est, en termes d'épanouissement personnel, le premier bénéficiaire de son engagement.


Xavier Simon