L'édito de la rédaction sur la protestation des travailleurs licenciés de l'entreprise Sioen : quand l'avenir ne tient plus qu'à un fil

L'édito de la rédaction sur la protestation des travailleurs licenciés de l'entreprise Sioen : quand l'avenir ne tient plus qu'à un fil

L’actualité sociale est marquée par le mouvement de protestation des travailleurs de l’entreprise Sioen à Mouscron. Le groupe textile a annoncé vouloir fermer son département filature. Les conditions de départ proposées aux ouvriers interpellent.

L’entreprise Sioen se présente comme le leader mondial du marché des textiles techniques enduits et des vêtements de protection de haute qualité. Elle protège, nous dit-elle, l’homme et ses biens. On veut bien la croire sur parole mais on peut douter par contre, de la manière dont elle protège ses travailleurs.

Le département filature dit la direction est structurellement déficitaire, à cause, notamment d’une énergie et d’une main d’œuvre moins chères en Asie qui rendent la concurrence féroce entraînant des prix de dumping en Europe. Septante-neuf emplois sont ainsi sur le point d’être sacrifiés sur l’autel de la rationalisation qui contraint Sioen, nous disent les responsables de l'entreprise, à fermer sa division de production de fils techniques.

On peut bien sûr comprendre qu'une entreprise se trouve à un moment ou à un autre confrontée à des difficultés, mais ce qui choque un peu ici, c’est la manière dont se déroulent les choses.

Présentée comme grande capitaine d’entreprise, Michèle Sioen semble régler les problèmes en jetant purement et simplement les matelots par-dessus bord. Avec pour toute proposition pour les travailleurs une prime de 250€ par année passée au sein de l’entreprise, un bien frêle canot de sauvetage quand on sait la véritable tempête que traverse celui qui perd brutalement son emploi. Les négociations pour obtenir un montant plus convenable semblent très ardues, difficilement compréhensible de la part d’un groupe qui rappelons-le quand même, continue à faire de jolis bénéfices grâce à ses autres divisions.

Par ailleurs, avec un brin d’ironie, on serait tenté de se dire que si l’entreprise dispose en stock de fibres en tous genres, elle n’a malheureusement pas la fibre patriotique. On se rappellera en effet qu’en 2022, elle a décroché l’appel d’offre pour réaliser les nouveaux équipements de l’armée belge – un marché de 410 millions sur une durée de 15 ans. Naïvement, dans un monde idéal, on aurait aimé qu’une clause stipule que les retombées de ce marché bénéficie aux travailleurs belges, ce n’est visiblement pas possible et c’est bien dommage, et d’engagement moral n’en parlons même pas.

On espère quand même que l’entreprise qui s’est engagée – je cite – à faire de son mieux pour offrir au plus grand nombre d'employés possible de nouvelles opportunités en interne, tout son possible pour aider les employés concernés à trouver de nouvelles possibilités d'emploi », l’entreprise donc, traduira ses paroles en actes, on attend de voir.


Xavier Simon