L'édito de la rédaction sur la grève du collège communal à Enghien : des élus indignés

L'édito de la rédaction sur la grève du collège communal à Enghien : des élus indignés

L’événement politique cette semaine, c’est l’action symbolique menée hier par le collège Enghiennois qui lassé des attaques incessantes dont les élus et le personnel sont la cible a décidé de se mettre en grève de la démocratie, n’ouvrant pas la séance du conseil qui n’a donc pu se tenir. C’est l’objet de l’édito de la semaine.

« Ce soir, je ne vais pas ouvrir la séance, je ne vais pas tirer au sort le premier votant, je ne vais pas vous demander d’approuver le PV de la séance précédente et je ne vais pas non plus aborder le premier point de l’ordre du jour. »

Voici donc les mots prononcés hier soir par Olivier Saint-Amand, bourgmestre d’Enghien qui a ensuite expliqué les raisons de ce qu’il appelle une grève de la démocratie. Son collège et lui considèrent que de graves menaces pèsent aujourd’hui sur l’exercice de leur mandat démocratique. Ils sont indignés et abattus par le traitement réservé aux élus, la violence à l’égard des agents des administrations publiques, le mépris à l’égard des enseignants, la défiance à l’égard des policiers et même des services de secours.

Cette situation est d’autant plus préoccupante que selon eux le cadre législatif ne protège pas efficacement toutes ces personnes qui se mettent au service du public.

On ne peut malheureusement qu’abonder dans le sens des membres de l’exécutif enghiennois puisque nous nous sommes fait assez souvent sur notre antenne le relais des doléances de mandataires communaux victimes d'actes malveillants. De la même manière, nous avons pu constater et dénoncer l’agressivité et les attaques dont sont parfois victimes employés et ouvriers communaux, le récent épisode neigeux que nous avons connu en a été un bel exemple.

Il est clair que les réseaux sociaux et l’anonymat qu’ils offrent sont des portes ouvertes aux attaques les plus injustes, les plus indignes et les plus violents puisqu’ils garantissent dans notre cadre législatif une impunité quasi-totale.

Pointée du doigt elle aussi, la presse qui selon le collège enghiennois je cite « s’inspire de plus en plus volontiers des messages et informations véhiculées sur les réseaux sociaux et donne la parole aussi à des personnes qui répandent des « fake news » sans nécessairement trouver le temps de recouper leurs informations », fin de citation. Même si nous sommes loin de nous reconnaître dans ce peu reluisant tableau, les généralisations ont parfois des effets bien réducteurs, ne jouons pas les vierges effarouchées et acceptons de prendre notre part de responsabilité.

Mais alors, dans le même ordre d’idées, que le monde politique fasse son autocritique. Les généralisations ont des effets réducteurs on le disait mais la virulence des propos, le manichéisme, le populisme ambiant, les défections et transferts improbables, les attaques ad hominem, les querelles de bac à sable qui se substituent pour certains élus aux débats d’idées contribuent largement au climat délétère que le monde politique doit subir. Même à Enghien où sur ces points particuliers, le collège n’a rien à se reprocher.


Xavier Simon