L'édito de la rédaction sur la pollution aux PFAS : si pas coupable, au moins responsable

L'édito de la rédaction sur la pollution aux PFAS : si pas coupable, au moins responsable

Toute cette semaine a encore été marquée par le dossier des FPAS, avec notamment les auditions de la ministre Tellier en commission et en séance plénière au parlement wallon. Au-delà du réel problème de santé publique qu’elle soulève, cette affaire risque de porter un coup de canif de plus dans la confiance du citoyen envers ses représentants politiques, c’est l’objet de l’édito de la semaine.

Une eau de distribution polluée, des citoyens qui l’ont consommée plusieurs années en toute confiance et se trouvent aujourd’hui inquiets pour leur santé, se sentent trahis par des institutions qui n’ont pas, loin s’en faut, rempli leur rôle, l’affaire des PFAS a tout d’un très mauvais film. D’autant qu’au fur et à mesure que le temps passe, des tweets, des mails, des courriers reviennent à la surface et dévoilent l’incroyable légèreté avec laquelle ce dossier a été pris en main, si tant est que l’on puisse dire que quelqu’un s’en est réellement saisi.

Les premières traces d’une pollution, soupçonnée depuis quelques années déjà, sont décelées en juin 2021. Avisée des faits, la ministre Tellier déclare que de nature faible et diffuse, elle ne nécessite pas d’intervention urgente. Un mois plus tard, le député PTB Jori Dupont exhibe un document de la défense américaine – la base de Chièvres n’est pas loin – qui contredit la thèse selon laquelle il n’y a pas urgence. Dès ce moment, la ministre n’ignore plus la présence de PFAS dans l’eau de distribution. Les signaux d’alarme se multiplient. On sait que le taux de PFAS dans l’eau du puits N°1 de Chièvres dépasse régulièrement celui que tolérera la future norme européenne, la SWDE met en évidence ce dépassement, la ministre flamande de la santé alerte sur le fait que l’eau en provenance de Wallonie ne respecte pas cette norme. Il faut attendre le mois de juin 2022 pour que le cabinet Tellier demande à la SWDE un plan d’action et quasi un an de plus pour que soient installés des filtres à charbon actif. Nous sommes en mars 2023, cela fait un peu moins de deux ans que 12 000 personnes ont potentiellement consommé une eau contaminée.

Aujourd’hui, l’urgence absolue est de régler le problème de santé publique et ses conséquences pour la population, au besoin de soigner et réparer. Et il faudra diligenter une enquête rigoureuse et impartiale pour clairement identifier les personnes coupables de cette série d’approximations, de manquements, d’occasions ratées, de mauvaise communication, voire d’absence de communication, elles devront en assumer les conséquences.

Et sur le plan politique, la position de la ministre Tellier semble aujourd’hui intenable. Si elle savait et n’a rien fait, elle a commis une faute. Si son administration ne l’a pas avertie et n’a rien fait, elle a beau avoir évincé le membre de son cabinet coupable à ses yeux cela ne l’exonère pas de la responsabilité. Dans un cas comme dans l’autre, la démission semble inévitable. Pas parce que l’opposition, et même certains membres de la majorité la réclament. Simplement parce que la responsabilité est l’une des composantes de la fonction ministérielle. Et que c’est le juste prix à payer pour conserver la confiance du citoyen en ses représentants politiques.