La dangereuse mission d’Ecolo

La dangereuse mission d’Ecolo

Une tripartite pourrait évincer Action, au pouvoir depuis plus de soixante ans.

La dangereuse mission d’Ecolo

Deux jours après l’annonce des résultats, toujours pas de majorité en vue à Comines. Il faut dire que la situation est complexe : avec 11 sièges sur 25, Action perd sa majorité absolue mais reste le premier parti et la bourgmestre ff sortante, Marie-Eve Desbuquoit, dépasse de la tête et des épaules ses principaux rivaux avec 2305 voix de préférence. Son partenaire de majorité, par contre, s’effondre. Avec un seul siège, le PS ne peut plus prétendre aux négociations. En face, l’opposition sortante sort renforcée du scrutin. Ensemble - ex MR - maintient ses 7 sièges au conseil et Alice Leeuwerck peut se targuer d’un joli résultat qui lui offre une place d’échevine. Le Mouvement Citoyen et Indépendant de David Kyriakidis signe également un joli score pour sa première participation aux élections puisqu’il obtient 2 sièges. Enfin, le grand gagnant, c’est Ecolo qui double son nombre de sièges en passant à 4 et décroche au passage un poste d’échevin pour Philippe Mouton.

Une tripartite minée…

L’occasion semble belle pour les trois partis d’opposition de s’allier pour en finir avec 66 ans d’hégémonie du groupe Action. Mais à Comines, les choses ne sont jamais aussi simples qu’il y paraît, et le sempiternel statut spécial ne manque jamais d’ajouter un peu de piquant à la sauce. En effet, même relégué dans l’opposition, Action disposera toujours de trois postes d’échevins sur cinq! De quoi rendre la commune ingouvernable, d’autant qu’à Comines les décisions du collège doivent être prises à l’unanimité. De plus, Action a remporté la majorité absolue au conseil de l’action sociale, ce qui donnerait deux majorités différentes - si pas opposées – à la ville et au CPAS. Pour finir, cette tripartite offrirait plus que probablement à Alice Leeuwerck l’écharpe mayorale, alors qu’elle n’a reçu que la moitié des voix offertes à Marie-Eve Desbuquoit. La décision pourrait bien rester en travers de la gorge des électeurs.

… ou une alliance bancale

La seconde possibilité, c’est évidemment pour Action de se trouver un nouveau partenaire. Mais là encore, le choix est tout sauf évident. Après autant d’années passées au pouvoir, le groupe mené jusque récemment par l’autoritaire Gilbert Deleu ne s’est pas fait beaucoup d’amis. Même au PS, présent dans la dernière majorité, on a entendu des critiques sur « l’omnipotence » des élus Action lors des prises de décision. Le choix de retirer ses compétences à l’échevine de l’opposition Chantal Bertouille n’a pas aidé non plus. Résultat, Ensemble et MCI ont annoncé d’emblée qu’il était hors de question pour eux d’entrer dans une majorité avec ceux qu’ils combattent si férocement depuis des années. Ecolo semble donc être le dernier espoir pour Action afin de conserver sa majorité. Mais l’opération pourrait se révéler contre-productive pour les verts qui se sont opposés à Action sur de nombreux dossiers lors de la dernière législature, et offriraient ainsi une cible de choix à l’opposition qui aura beau jeu de leur rappeler leurs engagements de campagne. A l’heure qu’il est, Ecolo rédige ses conditions et énumère ses points de rupture avant d’entamer les négociations. Pour Philippe Mouton, le leader des écologistes, qui attendait cette percée depuis si longtemps, la victoire dans les urnes vient avec une grande responsabilité à l’heure de faire ce choix, que Corneille aurait sans aucun doute apprécié à sa juste valeur dramatique.

J.Cr.